TIPS marchés d’illustrateurices
Bonsoir/Bonjour, aujourd’hui, on va aborder un bigggg sujet : faire des marchés.
Tout d’abord, je vais poser les bases. Je vais parler en mon nom, avec mon expérience, ma petite vie, mon travail et ma technique, qui est l’illustration.
C’est important de le préciser, car il y a énormément de variations entre les créateur·ices.
« Vendre sur un marché, c’est comme entrer dans un immense casino : tu mises, tu perds, tu gagnes, tu remises jusqu’à l’excès ou le dégoût, tu quittes la partie, puis tu reviens en te disant que tout a changé… bref, c’est un peu addictif. »
Nous allons commencer par faire une liste des pour et contre :
POUR :
Ça permet de gagner de l’argent
Ça permet de se faire connaître
Ça écoule les stocks de la boutique
Ça permet d’être au contact du public IRL
Adrénaline + dopamine = <3
Ça permet de proposer des produits originaux
RENCONTRER LES COLLÈGUES
CONTRE :
C’est un investissement financier
Ça peut être un gouffre financier
Psychologiquement dur
Les conditions de travail
Les arnaques
La comparaison avec les autres créateur·ices
Ça fait beaucoup de points positifs… et négatifs. Je pense que c’est important d’être transparent sur ce sujet, car ce n’est quand même pas rien comme projet.
Ensuite, nous allons aborder différents points :
Qui peut faire des marchés ?
Comment participer et les choisir ?
Les produits
La préparation/organisation
Les prix
Un fourre-tout de petits conseils
Les tops marchés que j’ai faits
Évolution de mon stand de 2021 à 2024.. (il me manque des stands car j’oublie de faire des photos, oupsi)
QUI PEUT FAIRE DES MARCHÉS ?
Toute personne ayant envie d’en faire et qui est déclarée (AE/artiste-auteur·e/autre). Je précise l’importance d’être déclaré·e, car :
On peut à tout moment se faire contrôler.
C’est une question de principe : c’est complètement déloyal vis-à-vis des autres créateur·ices d’éviter la case cotisation.
Je ne pense pas qu’un petit nombre d’abonnés empêche de bien vendre, c’est une question qui revient souvent. Il est vrai que plus on a d’abonnés, plus le chiffre d’affaires peut être grand, mais cela ne fait pas tout. Le plus important, c’est d’avoir cerné à peu près sa clientèle type.
Par exemple, pour moi, ma clientèle a deux profils types :
Design loverz : des personnes qui apprécient le design en général, qui aiment des styles bien tranchés, bien colorés.
Goodmood peoples : ce sont des gens qui n’ont pas forcément d’appétence forte pour l’illustration ou le graphisme, mais qui s’identifient à mon travail par les messages que je transmets.
Une fois ces deux profils posés, je peux mieux comprendre ce qui peut potentiellement fonctionner en produit et surtout CHOISIR les marchés adaptés à ma clientèle.
COMMENT CHOISIR ?
Il y a différents éléments à analyser avant de se lancer.
LA DATE
La date est trèèèès importante. Les milieux de mois ne sont pas zinzins, car les gens ont souvent plus trop de tune, encore plus en fin de mois.
Il y a trois saisons assez cool pour les marchés :
La rentrée de septembre : c’est la fin de l’été, on remballe la déco estivale et on passe en mode dépression hivernale.
Le temps des fêtes (comme disent nos copains les Canadiens) : c’est THE moment pour faire des marchés, les gens achètent des cadeaux pour leurs proches (et pour eux).
Avril : c’est le retour du beau temps, les gens veulent sortir, de la couleur et de la joie.
Concernant la période de Noël, c’est la plus importante, mais elle peut être incroyable comme cata.
Je vous conseille d’éviter les marchés de Noël last minute, genre le week-end avant Noël : les gens n’ont plus le temps de prendre des risques avec des produits créatifs. Ils sont en mode machine de guerre à acheter tout ce qui pourrait potentiellement faire l’affaire. (Je trouve ça un peu badant pour la valorisation de mon taf, car je n’ai pas envie qu’il soit consommé comme un poster acheté chez Hema, en mode « OHHHHRF, ça fera l’affaire pour ma cousine, au pire c’est pas grave c’est qu’un print », mais bon, c’est ma vision perso.)
Les meilleurs week-ends sont ceux du début du mois de décembre. Les gens ne sont pas encore fous, on a le temps de discuter, de choisir et de réfléchir.
EN TROUVER
Le nerf de la guerre, c’est d’en trouver. Je sais que les grandes villes proposent beaucoup plus d’événements par rapport aux plus petites..
Voici tout de même quelques conseils pour trouver the marché :
Allez à des marchés près de chez vous pour voir comment ça se passe. Vous pouvez également demander aux créateur·ices comment se fonctionnent les inscriptions. (Il faut vraiment être aigri pour ne pas partager ce genre d’info, chacun a droit à sa chance.)
Suivez les lieux culturels ou organisateurs qui ont tendance à faire des événements. N’hésitez pas à leur envoyer un DM pour savoir comment ça se passe.
Dans les endroits où il n’y a pas de marché, pourquoi ne pas organiser le vôtre avec d’autres créateur·ices de votre bourgade ?
LE LIEU
Cette fois-ci, je vais parler pour Paris, car malheureusement j’en ai très peu fait en région. Il est important de choisir un lieu accessible en transport en commun, qui soit agréable et qui mette en valeur votre travail. Je vous promets qu’être dans une salle sombre au fond d’un couloir, ça ne donne envie à personne de faire ses emplettes.
Personnellement, je choisis mes marchés en fonction de ma clientèle type. Je cible les lieux où ces personnes pourraient aller avec ou sans marché, avec des prix à leur niveau et une ambiance qui leur ressemble.
Par exemple, un marché dans une école de commerce dans le 15e, le vendredi de 17h à 20h, c’est non (c’est une proposition que j’ai réellement reçue ). Je ne dénigre en aucun cas, c’est juste pas adapté à mon travail.
Pour les lieux en extérieur l’hiver : COUVREZ-VOUS. Il n’y a rien de plus relou que d’avoir les pieds gelés et devoir afficher un big smile. Vous pouvez glisser des chaufferettes dans vos chausettes ou ramener une bouillotte. L’été, un petit éventail sauve des vies.
Certains lieux demandent de ramener sa table et sa chaise. Pour ma part, j’ai arrêté de faire ce genre de marché : ça demande une organisation qui est rarement fructueuse en termes de ventes. Mais bon, pour commencer, c’est chouette, car ce sont souvent des marchés pas très chers. (Si c’est cher et qu’il faut ramener sa vie entière, c’est red flag.)
Pour ma table, j’utilise une petite table de camping Decathlon (il y en a plein sur Leboncoin). Pareil pour la chaise : c’est un fauteuil pliant de camping/festival Decat’. J’essaie de faire au plus simple pour pouvoir tout transporter en bus ou metro.
L’ORGANISATEUR
Comme pour tout, il y a à boire et à manger. Il faut trouver chaussure à son pied, donc ne pas hésiter à faire un tour sur les événements préalables pour voir l’ambiance générale et la COMMUNICATION FAITE.
S’il n’y a pas de com’, c’est pas bon signe : ça veut dire que peu de monde sera au courant. Ça peut être le meilleur marché du monde, s’il n’y a pas de communication faite autour, personne ne saura qu’il existe.
Certain·es organisateur·ices ne sont malheureusement ni professionnels ni respectueuses des créateur·ices. (Heureusement, pas mal ont arrêté d’organiser des marchés et d’arnaquer… oupsi.) DEMANDEZ DES AVIS dès que vous le pouvez.
Certains marchés se fichent royalement des conditions de travail des créateur·ices. Sachez que ce n’est pas parce que c’est toléré par la majorité des gens que c’est admissible. J’ai dû faire des marchés en pleine canicule sans ombre ni eau. CE N’EST PAS ACCEPTABLE.
Le pire, c’est que si les conditions sont mauvaises, cela se répercute sur la fréquentation. (Personne n’a envie d’acheter des illustrations sous la pluie ou en plein soleil caniculaire.)
Mes orgas prefs : Grrrande, Puces de l’illu, Shake XL.
On m’en a dit que du bien : Klin d’œil, DIY market.
LE PRIX
Les prix varient énormément, mais vraiment ÉNORMÉMENT. Personnellement, je me suis fixée une politique très simple : PAS PLUS DE 200 €.
Évidemment, jamais dire jamais, car on ne sait pas : peut-être qu’un maxi marché me contactera et que ce sera cher. Mais ce jour-là, mon cerveau fumera après avoir sur-analysé la situation.
Les prix peuvent aller de 0 à plus de 600 € (oui, oui). Pour savoir si ça vaut le coup ou non, on peut rapidement faire un petit calcul du CA à faire pour être bien.
Exemple :
Prix du stand : 200 €.
Bénéfice espéré : 400 €.
Prix moyen des produits : 20 €.
Bénéfice net par produit : 12,34 € (après charges et frais).
Calcul : (200 € + 400 €) / 12,34 € ≈ 49 ventes nécessaires. Soit un CA de 980 €.
En trois ans de marchés, je peux compter sur les doigts d’une main les fois où j’ai dépassé 900 €. Je pense qu’il est important de dire que ce n’est pas forcément une super moyen de faire de l’argent les marchés. Il faut donc réfléchir avant de se lancer dans un truc, notre métier est super précaire. Je parle très peu des stands de type « pop-up store » ou « corner dans un grand magasin » car j’en ai peu fait. Je reçois souvent des propositions toutes plus scandaleuses les unes que les autres, ça demande des 500e + 30% de commission + présence en boutique + un organe vital. Les magasins (corner BHV/GALERIES LAFAYETTE) je crois que c’est encore plus zinzin.
Une fois que vous aurez calibré tous ces paramètres, vous pourrez choisir votre THE marché fait pour vous.
QU’EST-CE QU’ON VEND ?
Le nerf de la guerre sur les marchés, c’est : LA MARCHANDISE.
Étant illustratrice, je vais développer uniquement autour de ce domaine.
Voici quelques constats que j’ai pu faire :
Merci les abonné·e·s ! C’est tellement agréable d’entendre des phrases comme : « Je te suis sur Insta, j’aime beaucoup ton travail donc je suis venu·e voir » ou « J’ai déjà une illu de toi, j’en achète une pour ma sœur. » Ces échanges en live, c’est vraiment comme un Ferrero Rocher pour moi, délicieux et addictif.
Les petits formats sont les plus vendus. Les gens n’ont pas forcément des manoirs comme lieu de vie, donc ils préfèrent les petits formats.
Petits budgets. Les acheteurs préfèrent acheter plusieurs petits formats à différents artistes plutôt qu’une grosse pièce (même si ça arrive parfois).
Diversifiez les formats. Les gens apprécient les formats qui sortent du classique A5/A4/A3. Les formats paysage, par exemple, sont assez rares et font leur effet.
Stickers 4ever. Les stickers sont toujours une valeur sûre. Attention au prix : au-delà de 4 € l’unité, les gens peuvent se montrer réticents.
Les objets qui sortent du commun. Les gens adorent les objets beaux et fonctionnels, car ils ont l’impression de faire un achat utile.
ÇA SERT À RIEN DE FAIRE COMME LE VOISIN. Les gens recherchent de l’originalité, un morceau d’univers. Ils veulent découvrir quelque chose de nouveau et unique sur les marchés de créateur·ices.
Personnellement (oui, je le dis souvent, chaque expérience est personnelle et ne s’applique pas forcément à tous·tes), les gens aiment quand je leur raconte des petites anecdotes autour des produits proposés ou sur mon processus créatif. Quand je me lance dans mon blabla, une vente suit dans 90 % des cas.
DES THÉMATIQUES QUI FONT MOUCHE
Chaque année, de grandes thématiques émergent :
Les sorcières,
La sororité,
L’horoscope,
Le body positive,
Le féminisme,
Les animaux (avec une grosse passion pour les chiens à un moment donné),
Et maintenant, on est sur la Japan era, le packaging core, etc.
Ces grandes tendances peuvent être intéressantes à détourner ou à enrichir avec votre propre proposition. Mais le plus important, c’est que vos thèmes soient cohérents avec vos goûts et vos envies.
Ne vous forcez pas à suivre une mode juste parce qu’elle est tendance.
Ce ne sera pas fait avec le cœur.
Ça se verra.
Je sais combien il est tentant de s’inscrire dans une mouvance et de reproduire quelque chose qui fonctionne déjà. Mais votre singularité, c’est votre force.
ÊTRE UNIQUE
Quand on débute, on peut être tenté·e de copier les prix, le stand ou les produits des autres illustrateur·ice·s qui fonctionnent. Mais ça se voit, ça se sait, et ça ne fait plaisir à personne. Vous êtes créatifs, proposez quelque chose qui vous ressemble.
Si vous êtes fan de lecture, pourquoi ne pas proposer des illustrations autour des livres qui vous ont plu ? Si vous aimez la pêche, pourquoi ne pas créer un jeu de cartes des 7 familles des grands poissons ? Il y a tellement de choses à faire.
Ne vous sentez pas obligé·e de développer des produits coûteux à produire.
Exemple d’erreur personnelle :
J’ai produit des pin’s émaillés… MAXI ERREUR. Cela m’a coûté très cher et il m’a fallu très longtemps pour les écouler. Je les ai commandés chez un fournisseur anglais, mais le colis venait de Chine. J’avais payé plus cher en pensant que c’était fabriqué au Royaume-Uni… ECHEC.
PRODUCTION RAISONNÉE
Personnellement, j’essaie de travailler autant que possible avec des produits qui ne viennent pas de l’autre bout du monde, ou alors avec la meilleure qualité possible.
Oui, je fais des t-shirts et des casquettes made in China. Mais si je devais produire ces articles en Europe (la France, c’est encore plus compliqué), les prix seraient bien trop élevés. Ma solution actuelle : les préventes (pour éviter le surstock) et l’impression/broderie à Bordeaux.
Ce que j’essaie de dire c’est qu’on se paie déjà pas très bien pour la production d’illustrations donc faire des pin’s au bout du monde fabriqués par des enfants… bon… je pense pas que ce soit super politicoethik. (Mais chacun gère avec sa conscience). Ça me rappelle également le craquage du boss de Stickermule, un site top, pas cher et qualitatif mais qui a inondé ses clients de message PRO TRUMP, je sais pas vous mais perso, flemme de donner de l’argent à une entreprise qui a ce genre de valeur, on a encore le choix de pouvoir bosser avec des entreprises respectueuses des droits de la Femme (et de l’Homme).
Tout ça pour dire qu’il peut être intéressant de se poser les bonnes questions :
Est-ce une bonne idée de produire une écharpe en acrylique ou un pin’s en métal dans des conditions cata ?
Si ces produits ne se vendent pas bien, qu’ils s’abîment vite ou qu’ils deviennent obsolètes après une saison, est-ce vraiment judicieux ?
Je ne critique pas du tout les créateur·ice·s qui font ce type de produits. Chacun est libre de faire ce qu’il veut. Mais je partage mes réflexions sur les erreurs que j’ai faites et sur mon impact (inutile ?) sur l’environnement.
Cute mais pas du tout planetfriendly :(
PRÉPARATION ET ORGANISATION EN AMONT
Voici ma liste que je sors à chaque fois que je fais un marché :
Nappe
Matériel de présentation (chevalet, mini caissette, porte-print, panières, support, caisses)
Trousse à outils (crayon, stylo, scotch, ciseaux, fil, thé, agrafeuse, trombone, pince)
Packaging (petite pochette en papier, grande pochette cadeau – non obligatoire)
Caisse (caissette avec fond de caisse, feuille pour noter les ventes en cash, TPE [SUMUP])
Produits (cartons A3-A4, pochettes pour A5, pochettes pour cartes postales, sachets de stickers – selon vos besoins)
Éclairage (guirlande, lampe de chevet – très utile en hiver !)
Étiquettes de prix
Un peu de déco (pas obligatoire)
Cadres (pas obligatoire)
Nappe
Pour ma part, j’ai plusieurs nappes que j’ai achetées au rouleau chez Mondial Tissus ou Toto. La plupart du temps, on conseille d’en prendre des sombres. Pour ma part, je choisis surtout celle qui correspond le mieux à ce que j’ai envie de proposer sur mon stand. Le plus important, c’est qu’elle vous corresponde, peu importe son motif ou sa couleur.
Matériel de présentation
Mon truc préféréééé ! Alors… J’ai commencé avec des caissettes que j’avais à la maison, achetées chez HAY. Je les adore : elles sont super pratiques. On en voit partout maintenant, donc c’est très facile de s’en procurer (même en seconde main). Elles permettent de créer du volume sur votre table et des niveaux de lecture pour le client.
J’ai également des petits chevalets pour mettre l’emphase sur des points précis (souvent les best-sellers). Ils viennent de Boesner à l’époque et de « l’antre des enfers » : Søstrene Grene.
Cette année, j’ai voulu investir dans un nouveau support : mon « escalier » à prints, mon nouveau bestie ! Il est tellement pratique, efficace, parfait pour se cacher derrière en cas de coup dur. J’ai mis du temps à sauter le pas parce qu’il coûte un peu cher. J’ai hésité avec des supports en bois, mais je me suis dit que c’était sans doute trop fragile et que ça risquait de se casser au 25ᵉ montage-démontage, ou de se rayer dans les transports.
J’ai aussi beaucoup hésité avec des supports en plastique transparent après avoir étudié les stands de mes homologues asiatiques, qui détournent des meubles à maquillage en acrylique transparent pour en faire des présentoirs. Je trouve ça trop stylé, car ça met en avant les couleurs : le design et la forme s’effacent au profit des produits. Mais bon, je suis forcée de constater que :
Je suis une grosse bourrine, donc j’aurais sans doute rayé le bazar dès la première utilisation.
C’est chiant à transporter.
PURRRR produit TEMU/SHEIN/ALIEXPRESS.
Alors oui, il y en a sur Amazon, mais même combat que TEMU/SHEIN/ALIEXPRESS. J’ai regardé sur MUJI, c’est hors de prix et sans doute fabriqué au même endroit. J’ai aussi regardé sur Vinted… bah, c’est trop cher pour un truc en plastique, quoi. Bref, fin de mon rêve d’escalier à nail polish reconverti en présentoir à stickers.
En revanche, j’ai fait l’acquisition d’un porte-magazines vintage qui fait désormais office de porte-A3. Plus j’avance dans ma vie de vendeuse en marché, plus j’essaie de détourner des objets que j’ai chez moi ou des objets vintage. Je trouve que ça donne du charme à mon stand d’avoir autre chose que les mêmes présentoirs que tout le monde. N’hésitez pas à prendre des range disque ou porte vinyle pour vos prints, des séchoirs à assiettes également. Vous pouvez fabriquer vos propres présentoirs, les personnaliser. Vous pouvez utiliser plein de petits boites différentes pour présenter vos produits (pour ma part c’est des boites vintage Tupperware que j’ai récup à un vide maison). Vous pouvez utiliser des panières ! Les miennes viennent de HAY et les vintages sont celles qu’on avait à la cantoche. En vrai tout est possible, ya rien de plus gratifiant de se dire « purée ça rend cool, ça change, en plus ya une tite histoire derrière ce truc ».
Trousse à outils
Je ne fais jamais de marché sans ma trousse à outils, avec tout ce dont je pourrais avoir besoin. On ne sait jamais comment sera le stand ou la météo, donc je prévois toujours des trucs pour accrocher. Les ciseaux, bizarrement, même si vous n’avez rien à couper, serviront toujours.
Un truc un peu étrange que j’ai aussi, c’est une petite cuillère : pratique pour manger, mais aussi pour éviter de m’arracher les ongles en soulevant les petites pattes à l’arrière des cadres.
Packaging
Ce n’est clairement pas obligatoire. La plupart du temps, mes illustrations sont sous plastique, donc pas de risque d’accident. Cette année, j’ai acheté des pochettes un peu sympas pour faire des paquets cadeaux. Je les propose, et je demande au client s’il veut les fermer ou y glisser d’autres créations d’autres stands afin d’éviter le suremballage.
La Caisse :
Les sous. Pour cette partie-là, j’ai une caissette en métal pour mettre mes sous et mon fond de caisse. En général, pour le fond de caisse, je glisse :
1 billet de 20 €
2 billets de 10 €
2 billets de 5 €
5 pièces de 2 €
5 pièces de 1 €
2 pièces de 50 c
5 pièces de 20 c
Il faut que vous fassiez en fonction de vos prix. Si, par exemple, vous êtes dans la team XX,99€, bah il va falloir mettre des toutes petites pièces, et si vous avez des prix plus élevés, mettez plus de billets de 20.
Pour la partie « paiement par carte », au début je prenais Lydia et PayPal pensant que multiplier les moyens de paiement serait plus simple et efficace. MAIS NON. Chaque plateforme a ses frais, puis c’est assez chiant de devoir faire 5 virements sur son compte, attendre 3 jours pour des sommes pas si grosses. Puis, il y a aussi un truc qu’on oublie : LA COMPTA. Quel foutoir à la fin d’un marché, on n’a plus d’énergie et, en plus, il faut passer plein de temps à calculer... flemme. Certains services, comme PayPal, doivent être déclarés à un certain niveau de montant, ça rajoute un truc en plus lors de la déclaration des impôts… Bref, j’ai arrêté car ça demandait toute une gymnastique que je ne voulais plus m’infliger.
J’ai acheté en 2020 ma SumUp Air en promo pour 19 €, je dois dire que c’est vraiment un super achat. Je sais qu’il existe d’autres supports comme SumUp, mais honnêtement, j’ai fait au moins cher à l’époque. SumUp a développé une super app qui me facilite grandement la tâche de l’inventaire post-marché. Avant de faire un marché, je rentre chaque produit et j’en profite pour mettre le nombre exact d’exemplaires dispo. Ça me permet de suivre en temps réel ce qui part bien et d’anticiper un réassort si besoin. Il est également désormais possible de payer directement avec son iPhone vers un autre iPhone avec Apple Pay, c’est une fonctionnalité qui est dispo à partir des iPhones 11, je crois. Elle sauve la vie si on n’a plus de batterie sur la SumUp. :) Peut-être que c’est disponible chez les concurrents, je vous laisse aller checker si ça vous intéresse.
Screen 1/ Gestion des stocks Screen 2/ Tableau de borde Screen 3/ Les moyens de paiement Screen 4/ Ma caisse
Les produits :
Cette fois-ci, on ne va pas parler de quoi vendre mais plus des stocks. Honnêtement, cela va vraiment dépendre de vos produits et de la popularité sur votre stand. Je vais donc vous donner mes chiffres à moi pour un marché où je fais 400€ de CA sur une journée (c’est un exemple) :
Stickers par modèle : 15
Casquettes : 3
A3 par modèle d’illustration : 6
A4 par modèle d’illustration : 6
A5 par modèle d’illustration : 6
Cartes par modèle : 8
T-shirts : 2 exemplaires par taille si possible (S/M/L/XL)
Donc, si j’ai 6 modèles de cartes, je me retrouve avec 48 exemplaires de cartes sur le stand (c’est bien assez). J’essaie de ne pas trop imprimer pour ne pas me retrouver avec un stock trop gros et imbécile à vendre. Mon raisonnement est plus tourné dans le sens de : si j’ai plus de stock, c’est cool, il vaut mieux pas assez que trop. :)
Je sais combien c’est badant de se retrouver avec des stocks dormants de prints qui ont coûté cher à produire… ça mine le moral et ça prend de la place pour rien.
Pour les personnes qui se lancent : N’IMPRIMEZ PAS 100 exemplaires, j’ai vécu un marché à côté d’un illustrateur qui se lançait, il avait mis beaucoup d’argent dans ses impressions et en avait vendu très peu, ça a été très dur pour lui... Essayez de tester des prints sur votre shop avant de les proposer en marché peut-être.
Personnellement, j’imprime mes risographies désormais en 30 exemplaires et les impressions plus classiques, je les imprime à la demande pour ne pas me retrouver avec du stock. Les stickers, c’est 50 max et concernant le textile, c’est de la précommande puis j’achète 10 exemplaires en plus pour mon shop, les marchés et les revendeurs (si la précommande a fonctionné, si ce n’est pas le cas, je ne le fais même pas).
Éclairage :
J’ai fait un marché dans le noir… marrant pour une meuf qui vend des visuels colorés… Une fois. Je vous conseille de ne pas être l’idiote du village comme moi et prévoir un éclairage pour votre stand. 1. Ça attire l’œil.
2. C’est très utile pour vendre de la COULEUR.
Pour ma part, j’ai des guirlandes basiques et je pense investir dans une lampe pince vintage topée sur le boncoin. Dans la précipitation, je voulais aller chez Ikea en acheter une, mais ma sage mère m’a dit : « Pauline, prends ta vieille lampe de bureau, tu seras bien contente de choisir THE lampe au lieu de prendre une merdouille Ikea ». J’ai rien contre les lampes Ikea, ma lampe de bureau est une Ikea, juste, on a tendance à aller à la facilité, acheter par dépit pour au final pas aimer et s’en débarrasser 2 ans plus tard, au lieu de réfléchir et prendre le temps d’en choisir une avec amour.
Étiquettes de prix
Cette année, je me suis amusée à faire des étiquettes fun en reprenant le design des panneaux des boucheries à l’époque. J’ai jamais autant reçu de compliments sur mon stand que cette année, les gens aiment les petits détails, j’aime les petits détails et les gens aiment les petits détails, donc tout le monde s’aime. J’ai l’impression que le prix paraît plus gentil sur des étiquettes cool.
Au-delà de l’esthétisme, c’est excessivement pratique. Pas de gommettes à coller, pas de prix écrits à l’arrache, pas de bout de papier qui s’envole, SIMPLE-EFFICACE. PAS DE PUTAIN DE GOMMETTE À MOITIÉ DÉCOLLÉE SUR LES PLASTIQUES QUI FONT MAXI CRASSEUX LÀ. Et aussi… la possibilité de changer les prix si besoin sans devoir décoller des trucs.
Un peu de déco
Quand je dis un peu de déco, c’est des minis trucs qui peuvent faire sens sur votre stand et lier vos différents produits. Ça peut aussi être une banderole avec votre nom ou autre, c’est vraiment pas obligatoire, mais ça peut être sympatoche. Rien à dire de plus, c’est feeling.
Les cadres
Ça peut être cool de proposer des illustrations déjà encadrées, on sait comment c’est chiant de trouver des cadres, donc pour ceux qui n’ont pas le temps ni la foi, un cadre disponible peut être un atout de vente. Pour ma part, ils viennent de chez Leroy Merlin, je me fais une mini marge dessus et les vends uniquement sur le marché. (La marge, c’est pour payer une bière à mon porteur/assistant/copain).
LES PRIX
LA THUNE, le deuxième nerf de la guerre (le premier, c’est la créativité, hein).
Comment fixer ses prix ? Bah déjà, pas en fonction de son voisin, je sais, c’est tentant, mais non. Ça ne marche pas comme ça. Faites en fonction de VOS besoins. Chaque prix doit être adapté à votre business.
Exemple tout con (ça repart sur les problèmes de maths) :
Jojo vend des illustrations et des céramiques à côté de son travail en CDI. Elle vend son illu A4 en riso 20 €.
Popo vend des illustrations en tant qu’auto-entrepreneuse. Elle vend son illu A4 en giclée 30 €.
Toto se lance dans l’illustration, c’est son premier marché, il vit chez ses parents et c’est sa première année d’études aux beaux-arts. Il vend également des risos en bichromie faites à l’école, 10 €, il ne prend pas la carte.
Momo est aussi illustrateur, c’est son premier marché et ne sait pas trop à combien mettre son illustration qu’il a imprimée en risographie dans un studio parisien.
Que fait Momo ?
A. Il se dit qu’il pourrait la mettre à 15 € car c’est entre Jojo et Toto.
B. Il calcule son prix en fonction de son coût de fabrication + temps de travail + cotisations + paramètres aléatoires.
C. Il va demander à Popo ce qu’est la giclée.
Omggg bravo, bonne réponse, c’était bien la B !
Non, il ne faut pas faire une moyenne entre la concurrence car, comme on peut le voir, Toto n’a pas payé ses frais d’impression et ne déclare pas non plus ses ventes. Il peut donc brader ses prix, c’est full bénéf pour lui. Si tout le monde fait cela, on va habituer les gens à payer des choses bradées, tout le monde est perdant et le jour où on voudra manger autre chose que des pâtes, les gens ne voudront pas payer plus cher et iront sur Diseneo acheter un print (de merde).
Je sais que c’est super délicat comme partie de notre taf (j’en suis au stade où je demande à ChatGPT de l’aide sur comment aborder le sujet de l’argent avec un client...), mais il est important de ne pas se sous-payer.
TOUT TRAVAIL MÉRITE SALAIRE.
FOURRE-TOUT DE TIPS
RESTER DEBOUT ET DIRE BONJOUR. En vrai, ça fait chier car moi aussi j’adore être assise, mais ça marcheeee ! Les gens s’arrêtent plus quand on est debout.
RACONTER SA VIE. Ça aussi, étrange, mais les gens adorent les anecdotes, savoir qui tu es, pourquoi tu fais ça, comment, etc.
NE PAS TE COMPARER AUX AUTRES. Vraimentnn, ça ne sert à rien de regarder le stand d’à côté en se disant que ça marche plus, que ça fout le seum... ça ne sert à rien à part faire mal.
PAPOTER. Perso, le truc que je préfère sur les marchés, c’est les rencontres avec d’autres illustrateur·rice·s que je fais. C’est le moment où on peut prendre le temps de se rencontrer, partager, échanger des conseils, bitcher sur des choses... J’ADORE, c’est trop cool de rencontrer des gens des internets.
(Il faut savoir que je suis un peu sauvage et que très souvent, quand je n’ai pas mis mon déguisement de Paolinoshka, j’ose pas aller voir les gens quand je suis visiteuse de vernissage, marchés ou autres. Je sais, c’est bizarre, mais je trouve ça maxi génant de dire « coucou on se connaît, je suis Paolinoshka, la meuf qui fait des fleurs ». Rien que de l’écrire, j’ai un frisson de malaise. Je me suis donc retrouvée devant des stands de gens avec qui je communique plus ou moins fréquemment sans me présenter... une sauvage... Bref, quelle vieeee.)
TOP MARCHÉS
On va parler du classement des marchés que j’ai faits, LES BESTS ET LES PIRES :
LES BESTS :
Les Puces de l’illustration (un CA très cool, une organisation au top, des gens en or).
Shake XL (I <3 UK, des gens et une orga en or massif, la conversion £/€ qui fait plaisir).
Open Festival (Trop cool event et très bon CA).
LES PIRES :
SIXN marché (Cher pour une organisation pas ouf, très peu de com’).
Prairie du canal (si loinnnn que personne n’est venu).
Super Hotte (temps de merde + mauvais week-end).
PARLER CHIFFRES
Mon meilleur CA était de 1 400 €. Attention, j’ai bien dit CA, donc à ça il faut enlever tous les frais.
Mon pire... 27 €. Est-ce que c’est bon pour vous ?
Je suis un peu mal à l’aise de partager ces chiffres car c’est assez personnel, mais en même temps, je trouve cela important qu’on arrête cette omerta. Ce n’est bénéfique pour personne.
Il faut vraiment déconstruire ce malaise et s’éduquer sur le principe du bénéfice et du CA (chiffre d’affaires). J’ai été plus rentable sur des marchés où j’ai gagné moins et donc moins rentable sur des marchés où j’ai eu un très bon chiffre.
CULTIVER SON PROPRE JARDIN
Par ailleurs, mes objectifs ont évolué avec le temps. Tous les jours, je plante des petites graines en espérant qu’elles poussent. Je ne me soucie pas du jardin d’à côté : je fais le mien.
Je le chéris, je l’agrandis, mais en aucun cas je n’essaie de le transformer pour qu’il ressemble aux jardins de Versailles. Je veux qu’il soit comme moi : atchipik et sympatchik.
CONCLUSION
Voilà, on arrive à la fin de ce pavé ! J’espère que cet article pourra éclairer votre lanterne. N’hésitez pas à me partager vos avis et vos expériences, me dire ce que vous en avez pensé. Si vous avez des conseils en plus, je pourrais faire un bis à cet article.
J’espère que votre année 2025 sera remplie de cool événements et que tout le monde sera riche ! (D’argent et d’expériences et de rigolade.)